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Hilary s’éveilla en sursaut au milieu de la nuit. Elle s’étaya sur un coude, écouta et appela Betterton.
— Tom, vous entendez ?
— Oui. C’est un avion qui vole bas. Rien de grave. Ça arrive de temps en temps…
— Je me demandais…
Elle laissa sa phrase inachevée.
Tom se rendormit. Elle resta éveillée, revivant par la pensée la curieuse conversation qu’elle avait eue avec Aristidès. Le vieil homme s’était indiscutablement pris pour elle d’une certaine sympathie. Pouvait-elle spéculer là-dessus ? Flatter ses sentiments pour obtenir qu’il la rendît au monde des hommes libres ?
La prochaine fois qu’il la ferait appeler, elle l’amènerait à parler de nouveau de sa seconde épouse, cette rousse qu’il aimait tant. Les vieux aiment à se souvenir. Ainsi, l’oncle George, qui habitait Cheltenham…
Dans le noir, Hilary sourit, malgré elle. Pouvait-on faire un rapprochement entre l’oncle George et le richissime Aristidès ? A priori, non. Pourtant, il y avait entre eux un point commun. L’oncle George s’était brouillé avec toute la famille parce qu’il avait, envers et contre tous, épousé une femme de ménage, pas jolie, mais possédant à ses yeux une qualité qui rachetait toutes ses imperfections : elle aimait l’entendre parler, elle ne se lassait pas de l’écouter.
Qu’avait-elle donc dit à Tom ? « Je trouverai un moyen de partir d’ici ! »
Elle se dit qu’il serait comique que ce moyen, ce fût Aristidès qui le lui fournît et elle se rendormit.